Classe défense

Classe défense : « Faire grandir sa force pour la mettre au service des autres »

Pour la première fois cette année, une Classe défense, en lien avec le 1er RPIMa, est proposée aux élèves de 3e. Une nouvelle aventure pour l’établissement.

Il est 8 heures ce vendredi 15 mars dans la cour d’honneur de Saint-Jean de Passy. Sous le regard de la Sainte Vierge, une trentaine de Cadets du 21e RIMA (Fréjus) en uniforme, de passage à Paris, sont au coude à coude avec une vingtaine d’élèves de troisième de la Classe défense de l’établissement qui, eux, sont liés au 1er RPIMa. Leur point commun ? Les jeunes sont tous en 3ème et se sont portés volontaires pour découvrir une unité de l’armée de terre, et plus largement, pour mieux connaître le monde de la Défense.

Naissance d’une Classe défense à Saint-Jean de Passy

Le 19 juin 2023, une plaque est installée dans la cour d’honneur en mémoire d’un ancien élève du collège, André Zirnheld. Auteur de la célèbre Prière du Para, le jeune homme, parachutiste des Forces Françaises Libres, meurt tragiquement à 29 ans, à l’issue d’une mission de sabotage en Egypte. C’était en 1942.

Pour l’occasion, le 1er RPIMa, le régiment héritier des parachutistes SAS de la France Libre, dont était membre André Zirnheld, une des unités les plus prestigieuses de l’armée, suggère l’ouverture d’une Classe défense dans l’établissement. Ces classes, nées d’un partenariat entre l’Education nationale et un régiment, existent depuis plus de 15 ans. On en recense une centaine rien qu’en Île de France, surtout dans les établissements publics où un professeur choisit de donner, pour un an, une tonalité particulière à ses cours.

A Saint-Jean de Passy, les modalités sont différentes. A la fin de l’année scolaire, pour la première fois, le projet est présenté à tous les élèves de quatrième. Sur la promotion, 67 élèves des deux collèges Saint-Jean de Passy et Notre Dame de Grâce, soit un quart d’entre eux, des garçons comme des filles, choisissent de rejoindre la Classe défense pour leur année de 3e. « Ça m’intéresse énormément », explique spontanément Eglantine qui considère que « c’est rendre service à son pays ». Inès avait un grand-père qui voulait s’engager dans l’armée mais qui n’a pas pu, « je voulais découvrir un peu plus le cadre militaire, son fonctionnement ». Wandrille de son côté s’interroge sur une carrière militaire : « La France a besoin de gens qui se motivent pour la défendre ».

Les élèves ne forment pas une classe à part, ils sont mêlés aux autres, mais reliés tout au long de l’année par des activités extra-scolaires. « C’est pour eux la découverte d’un monde fascinant, explique Xavier Le Saint, directeur du collège Saint-Jean, un monde d’action, d’aventure qui peut faire rêver ».

Des rendez-vous tout au long de l’année

Au fil de l’année, de nombreuses propositions leur sont faites : certains ont été tirés au sort pour fêter la Saint-Michel à Bayonne avec le régiment. Une autre fois, ils sont allés visiter le musée de l’Ordre de la Libération et le musée des Invalides. Ils ont pu vivre un moment de présentation du régiment avec le témoignage personnel d’un officier : sa vie, la mission, le pourquoi cet engagement. Il y a eu aussi la rencontre d’une patrouille sentinelle. Certains ont écrit aux soldats en opération pour Noël…

« Rien n’est obligatoire, mais ils viennent et reviennent facilement », raconte Xavier Le Saint. « C’est l’occasion d’évoquer avec eux des moments de l’histoire qui ne sont pas approfondis à l’école, de faire mémoire de l’action militaire au service de la France, mais aussi de présenter des figures remarquables, des modèles qui font grandir ».

Inès a des étoiles dans les yeux quand elle se rappelle la cérémonie de prise d’armes et de remise de décorations qui a eu lieu aux Invalides le 1er février dernier : « C’était beau. Des militaires qui s’étaient démarqués sur le terrain, il y avait un blessé de guerre. Je ressentais de la fierté et du respect pour ces gens ». « Pareil », acquiesce Wandrille dont les yeux ne brillent pas moins. Il apprécie de pouvoir découvrir les différents métiers de l’armée où « chacun est spécifique et complémentaire ». Pour la suite, il pense déjà à la réserve « qui permet d’avoir un travail dans le civil et d’être rattaché à l’armée pour servir la France ». Pour Eglantine, c’est la cérémonie du 11 novembre qui a été l’évènement le plus marquant, ce moment où la flamme sur la tombe du soldat inconnu a été ravivée : « C’était assez incroyable. C’était un centenaire et l’Arc de triomphe était illuminée. On était au milieu des militaires. On rendait hommage à un soldat tombé au combat et j’ai pensé à tous les autres. Notre pays est beau ». Elle ajoute : « Plus j’en découvre, plus j’ai envie d’en découvrir ». Inès s’explique à son tour : « On apprend beaucoup sur l’histoire de France. C’est une façon de respecter nos aînés, ceux qui ont donné leur vie ».

« Construire sa force pour la mettre au service des autres »

L’année n’est pas terminée et, à n’en pas douter, les projets à venir ne décevront pas les trois collégiens. D’autres visites sont au programme, d’autres rencontres et pour clôturer l’année, deux jours en Bretagne à Plumelec, lieu du parachutage des soldats français à la veille du Débarquement, en présence et avec « leur » régiment.
Pour Xavier Le Saint, ce métier illustre la fin de l’éducation puisqu’il s’agit de « construire sa force pour la mettre au service des autres ». Et « c’est aussi un devoir de justice envers ceux qui nous défendent, qui acceptent le sacrifice ultime pour une cause plus grande qu’eux-mêmes ».

Après un échange avec les élèves de la Classe défense, le chef de bataillon Segui, du 21e RIMa, remet au porte-drapeau de Saint-Jean, le livre du régiment. Xavier Le Saint, directeur du collège, évoque pour les cadets la figure d’André Zirnheld. L’échange est bref mais marquant entre ces jeunes. Une nouvelle pierre est marquée pour l’avenir.