« C’est super stylé ! », s’exclame une élève de troisième. Ce mercredi 16 octobre, le Breizh fabribus a pris ses quartiers dans la cour d’honneur de Saint-Jean de Passy. Ce Fabribus, c’est toute une histoire. Une histoire qui commence avec une élève de l’établissement, alors élève de 4e. En rentrant chez elle après une course solidaire, elle invite son père, membre du Conseil d’Administration de la Fondation Paralysie Cérébrale, à prendre contact avec la direction de Saint-Jean : il faut que les élèves courent l’année prochaine pour soutenir la recherche sur la paralysie cérébrale.
L’équipe de la Fondation Paralysie Cérébrale propose à Saint-Jean de soutenir le projet d’un partenaire : la Fondation Ildys en Bretagne. Il s’agit d’un camion qui irait à la rencontre des personnes en situation de handicap pour leur proposer des objets très concrets qui vont faciliter leur quotidien, leurs déplacements, mais aussi leur permettre de faire du sport, de jouer… Certains de ces objets sont réalisés grâce à une imprimante 3 D. Plutôt que de les réaliser dans un centre, pas toujours accessible dans ce très grand territoire où les personnes sont parfois isolées, l’idée est de se rendre chez elles pour évaluer leur besoin et identifier toutes les contraintes. L’objectif est de créer des objets vraiment sur mesure.
En 2023, les élèves du CM2 à la terminale s’élancent sur l’hippodrome de Lonchamp.
Un an plus tard, le rendez-vous de la rue Raynouard
Le Breizh Fabribus sillonne les routes de Bretagne depuis cet été. Et dans la cour d’honneur de Saint-Jean ce mercredi matin, des élèves découvrent une petite chaise d’école électrique et miniature. Une petite fille ne pouvait pas être scolarisée en maternelle parce que son fauteuil roulant prenait trop de place. Qu’à cela ne tienne, Mathieu Rietman, l’ingénieur et ergothérapeute, une sorte de Géo Trouvetout qui se déplace avec le Breizh Fabribus, lui fabrique pour une somme modique cette petite chaise qui lui permettra d’aller à l’école.
Un autre fauteuil dispose de roues à deux positions, très faciles à échanger. Plutôt que de porter la personne en situation de handicap, il permet de la véhiculer sur d’étroits chemins de randonnées. Impressionnant. Il sert de prototype et pourra faire l’objet d’un développement.
Mais ce sont aussi des détails du quotidien. Autour des tables où les dispositifs sont installés, les élèves posent des questions et découvrent un moulage en pâte à modeler qui permet de réaliser une sorte d’étui, plus adapté à une main percluse d’arthrose : cette personne âgée pourra y glisser son joystick pour continuer à jouer avec ses petits-enfants. On trouve aussi un Rubik’sCube avec des formes en relief pour des personnes malvoyantes, des boutons antipaniques pour des personnes qui ne peuvent pas parler… Mille objets fascinants, témoins d’un débordement d’ingénuité. Un peu plus loin, une machine jaune attire le regard : il s’agit d’un appareil pour concasser le plastique et en faire, entre autres, des formes ou des bobines de fils qui seront utilisées pour l’impression 3D.
Saint-Jean donne l’impulsion au projet
« Le projet avait deux objectifs, explique Clara Sitruk, Directrice de la Fondation Paralysie Cérébrale, d’abord de rapprocher le soin des personnes en situation de handicap, ensuite de développer des aides techniques, concrètes, les plus utiles possibles et de les fabriquer le plus rapidement possible au moindre coût ». Pour chaque personne, l’aide est remboursée par la sécurité sociale. « Avec 67 000€ récoltés lors de la course solidaire, Saint-Jean a donné l’impulsion initiale à ce projet. C’est grâce à Saint-Jean que tout a commencé. D’autres investisseurs ont rejoint l’aventure, mais sans ce premier apport, rien ne se serait fait ». C’est aussi un bon moyen « de sensibiliser à la paralysie cérébrale et au handicap en général », ajoute la Directrice, « c’est la première cause de handicap moteur chez l’enfant en France ».
Tout au long de la matinée et sur l’heure du déjeuner, les élèves, des plus jeunes aux plus grands, se succèdent par petits groupes, posent des questions à Mathieu Rietman et à l’équipe qui l’entoure. Dans le bus, l’imprimante 3D a été mise en route et réalise des éléments en plastique qui vont permettre de rallonger le manche d’une cuillère pour un malade qui ne peut plus plier le coude pour se nourrir.
« Ça fait bizarre, explique Charles qui était en CM2 en 2023. On ne s’en souvenait plus, mais c’était un beau projet. On n’a pas couru pour rien ».