Sylvain Tesson

Sylvain Tesson : un poète à Saint-Jean de Passy

Le 19 novembre dernier, les élèves de première de Saint-Jean de Passy ont pu rencontrer Sylvain Tesson à l’occasion d’une conférence organisée et animée par madame Aurélie Lamblin. La découverte du bonheur des mots, une expérience poétique hors du commun.

On ne présente plus Sylvain Tesson.

Et le 19 novembre 2024, les rares élèves qui ne connaissaient pas encore l’écrivain baroudeur ont quitté la salle Jean-Paul II en scandant, au rythme de leurs pas, des phrases glanées dans la vie quotidienne devenues, par la magie d’une conférence, de véritables alexandrins : A/tten/tion/à/la/mar/che en/des/cen/dant/du/train, mais aussi en s’imaginant « égren[er] dans leur course des rimes » ou rêvant que leur chambre fût « à la Grande Ourse ». Une soirée avec Sylvain Tesson et c’est le monde qui s’enchante, les horizons qui s’ouvrent et un souffle qui s’engouffre dans les jeunes esprits urbains. « Même après avoir lu quelques-uns de ses livres, nous ne pouvions imaginer l’échange captivant qui nous attendait », s’étonnent Blanche et Balthazar.

Mot à mots

Nos lycéens ne savent pas toujours la force et le pouvoir des mots. Une prise de conscience pour Victoire : « J’ai beaucoup apprécié cette conférence enrichissante qui nous a permis de découvrir l’ampleur du talent des auteurs. Grâce à Sylvain Tesson, nous avons pu constater avec quel brio et quelle virtuosité ils maniaient la langue française ». Elle ajoute : « En première, au lycée, nous étudions diverses œuvres et nous nous arrêtons parfois longuement sur un même texte pour en dégager le sens et son implicite. Nous nous sommes tous au moins une fois posé la question : ‘l’auteur a-t-il réellement pensé à tout cela lorsqu’il écrivait ?’. Notre rencontre avec Sylvain Tesson me permet aujourd’hui d’en être convaincue ».

Sylvain Tesson, en ce soir de novembre, secoue l’image poussiéreuse de l’écrivain ; c’est un être de chair et de sang qu’ils peuvent entendre, voir, écouter aussi bien que lire. Pour Blanche et Balthazar, « cette rencontre nous a permis de découvrir une littérature vivante, moins éloignée de notre réalité ».

La littérature, un témoignage de la vie

Sylvain Tesson tisse sous ses pas et dans son sillage ; il tisse ce lien viscéral entre le réel et la littérature, ce lien qu’il est si précieux de dévoiler à des jeunes gens de dix-sept ans, parfois trop sérieux. Il était un jeune homme de leur âge, qui, croupissait dans sa ville natale des tristes Ardennes et n’avait pour seul trésor que 26 lettres de l’alphabet. Et cela l’a sauvé. D’un accident, il fait une odyssée – autre œuvre sur laquelle il s’est penché – de cette odyssée, une épopée. Balthazar et Blanche racontent : « Nous avons été surpris par l’esprit de cet homme : amusant, sincère, admirable conteur… et été captivés par ses récits de voyages et de bêtises de jeunesse. Par exemple, la fois où il accrocha avec un de ses amis, une balançoire au 3e étage de la tour Eiffel. Sylvain Tesson a témoigné de son goût du risque et de l’aventure qu’il puise aussi dans la littérature et transmet dans son écriture. Ce goût ne s’étant jamais amenuisé malgré un accident entrainant de nombreuses complications ». A son tour, Victoire s’émerveille : « Il nous a impressionnés et fait rire en récitant des poèmes, et des alexandrins qu’il connaissait par cœur. Il a aussi réussi à inspirer plusieurs d’entre nous et leur donner l’envie de partir en voyage et d’explorer le monde, comme il l’a fait et le relate dans ses ouvrages ». Ayant lu Sur les chemins noirs et Bérézina, qu’elle avait beaucoup appréciés, Aurélie, quant à elle, a été impressionné « par son aisance à répondre avec finesse et pertinence à toutes les questions, même les plus recherchées ». Elle ajoute : « Ce qui m’a surtout touché est l’idée centrale de son discours : on peut construire une vie réussie en s’éloignant du mode de vie connecté qui nous entoure déjà, même en tant que lycéen ».

Les 26 lettres d’or de l’alphabet

A Saint-Jean de Passy, nos élèves de première se sont adressés à ce tisseur, ce punk, ce voyageur, cet écrivain solitaire, ce scientifique, ce géographe et, avec panache et souffle, il leur a fait comprendre qu’il n’y avait pas de matières scolaires, mais une connaissance, qu’il n’y avait pas de « livres scolaires » (comprenez des pensums), mais des livres-trésors, qu’il n’y avait pas de la grammaire et du commentaire composé, mais ces 26 lettres d’or.

Comme Aurélie, ils sont nombreux à avoir, en sortant, ces mots sur les lèvres : « Ce fut une rencontre inspirante et pleine d’authenticité dont je me souviendrai ».